La télévision et la publicité nous promettent du plaisir à gogo (et nous prennent pour des gogos), qu'on le trouve en mangeant un fromage ou même en faisant sa lessive ! Quelles idioties ! Mais quoi de plus normal puisque notre société, en quête permanente de sensations agréables, nous présente le plaisir comme le but ultime. Mais le plaisir est-il synonyme de bonheur ? Suffit-il de prendre son pied au quotidien pour être heureux ? Pas si sûr !
D'où vient le plaisir ? Au sens premier, le plaisir naît de la satisfaction d'un besoin ou d'une pulsion : vous avez faim, vous dévorez n'importe quoi de nourrissant, vous êtes content ! Il s'agit d'un pur mécanisme physiologique que la science peut facilement expliquer et on peut supposer que même les animaux y sont soumis. Mais chez l'humain, cette notion va bien au-delà. On pourrait dresser une liste à la Prévert des petits et des grands plaisirs humains qui ne se limitent pas à cette définition biologique : prendre un bain, réussir un examen, bouquiner un bon roman… Chacun aura sa propre façon de se faire plaisir ! Mais un point commun demeure : ces petits plaisirs mêlent satisfaction des sens aux élans de l'affectivité et du dépassement, tels que la joie, l'émerveillement, la satisfaction de l'intelligence, etc. Cependant, l'accumulation des plaisirs peut-elle être considérée comme la voie d'accès au bonheur ?
Selon moi, le plaisir est passager alors que le bonheur est pérenne. Le plaisir, c'est cet éphémère moment, c'est cet état calme et serein de paix intérieure qui a bien plus de valeur. Loin de moi l'idée de condamner le plaisir : je suis un bon vivant et même un hédoniste, qui ne renoncerait jamais aux plaisirs de la bonne chair – je suis un grand adepte des restaurants gastronomiques – ou aux fêtes entre copains. Encore faut-il que ce soit des plaisirs sains et non pas destructeurs, pour soi ou les autres. Et il est facile de tomber dans l'excès quand on croit que le bonheur se réduit à ces moments de plaisir et où on en devient esclave. Certes, le plaisir aide à accéder au bonheur, à condition de ne pas oublier que le bonheur ne se réduit pas à ces brefs moments de satisfaction.