Voici un manuel, disponible en ligne gratuitement, qui part assurément d'une bonne intention puisqu'il a pour ambition de déconstruire les stéréotypes liés au sexe, que nos pouvoirs publics reproduisent sans en être conscients au quotidien, dans les « discours, les colloques, les affiches, les vidéos, les textes officiels ou encore les nominations des équipements et des rues ». Pour éviter d'entretenir des représentations faussées sur les femmes, l'État se devrait d'être exemplaire. Le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, rédigé par le Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes, donne donc dix recommandations aux institutions publiques qui devraient permettre de favoriser, à terme, une meilleure égalité. Elles ne se valent certainement pas toutes. Autant le dire : nous ne sommes pas sûrs que les recommandations linguistiques – telles que « éliminer toutes expressions sexistes » ou « parler de « femmes » plutôt que de « la femme » – soient utiles. Le guide propose ainsi aux fonctionnaires d'utiliser des points pour les marques du féminin au lieu de les mettre entre parenthèses comme on le fait traditionnellement, laissant supposer par là une hiérarchisation entre les sexes.
En revanche, les recommandations touchant à la partie visuelle de la communication sont sans aucun doute plus convaincantes. Le Guide encourage par exemple à « diversifier les représentations des femmes et des hommes, afin de ne pas enfermer les uns et les autres dans des rôles de sexe stéréotypés et d'assurer la diversité réelle des représentations ». Il prend l'exemple des publicités pour écoles d'ingénieur.e.s, publicités dans lesquelles les femmes sont très peu nombreuses. Le Guide préconise aussi d'« équilibrer le nombre d'hommes et de femmes sur les images et vidéos », pour modifier l'image de la femme dans la conscience collective. L'exemple donné est celui d'une photo de la rencontre des ministres des Finances et gouverneur.e.s de la Banque centrale à Washington. À cause d'un mauvais cadrage, on ne compte que trois femmes dans une foule d'hommes en costume. Selon le Guide, il aurait fallu choisir en illustration une photo où les femmes soient plus nombreuses. Tout serait donc un problème de communication. Mais compte tenu de la réalité de la sous-représentation réelle des femmes dans ces postes à responsabilité, le photographe aurait-il réellement pu faire mieux ? Donner aux rues, aux équipements et aux autres installations des noms de personnalités féminines, afin de leur rendre hommage, est une initiative qui a retenu notre attention.
Dans notre société, l'image, visuelle mais aussi en tant que reconnaissance sociale, a une telle importance qu'il se peut que l'évolution des mentalités soit accélérée par de tels moyens, et ces recommandations ne sont donc pas sans intérêt. Même si ce guide est destiné à l'État, pourquoi ne pas adopter quelques bons réflexes, notamment dans le monde de l'entreprise ?
