Fais pas ci, fais pas ça, Plus belle la vie, etc. : les séries mettant en scène la famille ont le vent en poupe en France. La tendance n'échappe pas aux pays africains. Le succès de la série ivoirienne Ma famille ne se dément pas : les nostalgiques se repassent les épisodes de cette série phénomène lancée en 2002 et achevée en 2007, ayant passionné les habitants de Côte d'Ivoire, et même bien au-delà du continent africain, avec ses affaires de famille. Nombreux sont ceux qui ont été séduits par cette série : « Je suis une folle de Ma famille, ça m'enjaille. C'est trop intéressant ! », affirme Awa, coiffeuse, dans un français teinté d'argot ivoirien. De même, sa réalisatrice, Akissi Delta, n'est pas peu fière d'avoir compté parmi ses fans le président congolais, Denis Sassou-Nguesso ! Comment expliquer un tel succès ? La série raconte les histoires que les spectateurs vivent au quotidien, tout en faisant rire. Cette série, qui a pulvérisé les records d'audience, a ouvert la voie à d'autres séries à succès sur la société africaine moderne, comme Nafi et Un homme pour deux sœurs.
Les jeunes ne sont pas en reste à la télévision africaine avec, entre autres, Class'A, série novatrice rompant avec les intrigues strictement familiales pour présenter les aventures de lycéens et d'étudiants africains. Si la série s'inspire des séries d'ados anglo-saxonnes, comme Sauvé par le gong, Class'A parle de la jeunesse africaine tout en s'adressant à elle. Les jeunes semblent s'être reconnus dans celle-ci puisque le succès est au rendez-vous. Amours, drague, potins, études : les aventures de ces pétillants étudiants font plaisir à voir !
Mais cette popularité a un revers : au piratage s'ajoute la vente de copies illicites de ces séries ivoiriennes. De plus, cette culture audiovisuelle a bien de la peine à trouver des investisseurs en Afrique, même si elle ne manque pas de public. En effet, les maigres subventions offertes par l'État ne suffisent pas aux auteurs et réalisateurs pour monter leurs projets. En conséquence, les fictions « made in Abidjan » peinent à supplanter dans les foyers les telenovelas d'Amérique latine, offrant des séries plus nombreuses mais ne correspondant pas aux mœurs et aux valeurs africaines, de l'avis de l'autorité de régulation audiovisuelle mais aussi des téléspectateurs. Comme le dit le réalisateur Fadika Kramo, « il faut donner la place à une expression authentiquement africaine ».
